Toutes les choses qui ont fait battre mon petit coeur sur grand écran cette année 🤍
10. Petite nature, Samuel Theis

J’ai découvert Petite Nature un peu par hasard et j’ai été complètement bouleversée par la performance d’Aliocha Reinart. Les enfants acteurs vraiment bons, ça me laisse rarement indifférente, c’est comme ça. Ici, Samuel Theis brosse le portrait cruel mais très juste d’un enfant qui s’attache à un adulte incapable de lui offrir ce dont il a besoin. Il n’y a aucune prétention dans la façon dont il documente les ambitions d’un jeune instituteur de classe moyenne face aux dysfonctionnements d’une famille populaire, juste beaucoup de délicatesse et d’amour. Les larmes !
9. Fresh, Mimi Cave

Si j’ai beaucoup parlé de Fresh cette année, c’est parce que je suis toujours super contente de voir les femmes se frotter au genre horrifique et en extraire un pamphlet féministe juicy. L’an dernier, j’avais adoré réfléchir à A Promising Young Woman, et cette année, c’est Mimi Cave qui m’a donné du grain à moudre avec son film sur le consumérisme amoureux. Certes, il n’a pas grande ambition -il n’est même pas sorti au cinéma, malheureusement, et ne prétend pas révolutionner le genre, mais il fonctionne bien, les acteurs sont chouettes et surtout, il aborde un thème que j’adore, celui du casual dating et de son côté ultra-capitaliste quasi carnassier. Un petit régal.
8. Nope, Jordan Peele

Ce qui me fascine le plus chez Jordan Peele, c’est probablement la grande plasticité de son oeuvre, qui tout en recyclant toujours une recette efficace (l’elevated horreur pour parler de problèmes sociaux), réussit à se réinventer à chaque fois. Il y avait un monde entre Get Out et Us, et c’est carrément un tout autre univers auquel il s’est attaqué cette année avec Nope. Son troisième film, le plus ambitieux, est aussi à mes yeux le plus imparfait -c’est long, le suspens n’est pas toujours bien ménagé ; mais c’est aussi une lettre d’amour à plein de genres que j’adore, à savoir l’horreur, la SF et le western. Je n’en dirais pas plus car vous pouvez lire ma critique complète ici.
7. As Bestas, Rodrigo Sorogoyen

Que dire ! Une atmosphère étouffante qui vous prend à la gorge et ne vous lâche pas, un suspens en slow burn à rendre fou, des acteurs incroyables (Marina Foïs ! Seigneur, laisse nous respirer) et des paysages à couper le souffle… Rodrigo Sorogoyen nous offre un thriller d’une noirceur insondable sur la question des classes sociales et de la gentrification de la montagne (oui), qui n’offre aucune vraie réponse et nous laisse sombrer avec ses personnages. C’était brutal, intense, difficile mais délicieux.
6. Falcon Lake, Charlotte Lebon

Honnêtement, Falcon Lake était parti pour être dans mon top 3 -peut être même mon numéro 1, car il réunissait absolument tout ce qui me séduit au cinéma : la pellicule, le coming of age, l’exploration du désir et les fantômes. Charlotte Lebon a vraiment signé un premier film extraordinaire, autant sur le fond que sur la forme, d’une délicatesse inouïe. Malheureusement pour elle, le fait de découvrir que son histoire était en fait l’adaptation d’une BD de Bastien Vivès a quelque peu gâché mon plaisir. C’est une information qui m’a vraiment confrontée à la question de l’oeuvre et de l’auteur, moi qui suis la première à dire qu’on ne peut jamais séparer les deux. J’ai ratissé Internet à la recherche d’une explication qui sauverait un peu son film, mais les faits sont les faits : même si elle parle d’une BD « pas transposable » qu’elle a « oubliée » pour écrire Falcon Lake, il reste qu’elle n’a jamais dénoncé ni questionné les biais ultra problématiques du travail de Vivès. Savoir que le film découle de la plume d’un homme qui porte sur les jeunes femmes un regard hypersexualisant, objectifiant au possible et tout simplement dégueu ruine complètement le travail effectué par la réalisatrice pour protéger son héroïne de ce genre de travers. C’est affreusement dommage, mais ça serait aussi hypocrite de dire que je n’ai pas été émerveillée par ce long métrage, qui écope donc de la sixième place (honorable) dans ce classement. Hâte de voir la suite de la carrière de Charlotte Lebon, les relents pédophiles en moins.
5. Tempura, Akiko Ōku

On peut penser ce qu’on veut de la fin de ce film, mais j’ai adoré les thèmes qu’il abordait : le célibat choisi, la vie de jeune actif dans une grande ville et la solitude qui peut en découler. Les choix de mise en scène pour retranscrire les liens importants qu’on tisse avec soi-même m’ont particulièrement touchée, peut être parce que cette année, la question de l’autonomie m’a beaucoup travaillée. Tempura est aussi un film qui aborde la question du traumatisme avec un angle différent de celui dont on a l’habitude au cinéma. C’était une jolie ode à la confiance que l’on doit nécessairement porter à soi, aux autres et à la vie pour pouvoir avancer et aimer de nouveau.
4. Les enfants des autres, Rebecca Zlotowski

J’avoue que je n’ai jamais trop compris l’engouement pour Virginie Effira : même si je la trouve très bien à chaque fois, je suis rarement éblouie par sa performance et surtout, le fait qu’elle soit dans quasi tous les films à l’affiche me fait un peu l’effet d’une overdose. Mais elle m’a définitivement conquise dans ce film d’une chaleur rare sur la famille recomposée. C’est plein de lumière et de bonheur en pointillé, Rebecca Zlotowski réussit à retranscrire très justement l’envie de foyer, la tendresse du début de l’amour et les relations précieuses qu’on peut nouer avec les enfants -surtout ceux qui ne sont pas destinés à nous aimer en premier lieu… Un vrai miracle.
3. Les Cinq Diables, Léa Mysius

Les cinq diables était sans aucun doute le film que j’attendais le plus cette année. Depuis Ava, je perds le sommeil à force de penser au cinéma de Léa Mysius et à son intensité solaire ; dans ma cinéphilie française personnelle, il y a clairement un avant et après ce premier film que je n’ai jamais oublié. Bref, quand j’ai su qu’elle s’apprêtait non seulement à nous offrir enfin un autre long métrage mais qu’en plus, il y avait Adèle Exarchopoulos au casting, j’ai frôlé l’AVC. Mais des fois, à force de trop attendre un film, on jinx un peu la rencontre et on ressort déçu.e… J’avais tellement peur de ne pas aimer Les cinq diables, et ça a été un vrai beau moment de cinéma quand l’objet de tous mes désirs s’est révélé à la hauteur de tous mes espoirs. Même si j’ai préféré Ava, Léa Mysius a placé la barre très haut avec ce conte fantastique hybride, mené avec brio par la jeune Sally Dramé. C’était si beau de voir Bonnie Tyler sur grand écran, Adèle Exarchopoulos dans un rôle à la mesure de son intensité et une histoire d’amour à contre-courrant de tout. Les cinq diables, c’est un peu un pari fou et une page blanche : personne ne l’a jamais fait avant, personne ne sera capable de le refaire, c’était un moment suspendu sur grand écran qui m’a complètement saisie.
2. Rodéo, Lola Quiveron

Le cinéma français a beaucoup brûlé cette année, et si j’ai adoré l’incendie de Léa Mysius, j’ai aussi été bouleversée par le bitume brûlant de Lola Quivoron. Un peu comme Les cinq diables, Rodéo réussit le tour de force d’explorer un terrain encore méconnu du cinéma français et d’apporter avec lui la fraîcheur, l’énergie et l’ambition qu’on attend d’un premier film. Rodéo, c’est une histoire de fantômes et de passion qui y va à 100 à l’heure et ne nous épargne jamais. Son personnage principal, porté sans compromis par l’incandescente Julie Ledru (sosie de 070 Shake), fait partie de ces anti-héros qui traversent la vie trop vite et dont on pressent qu’ils vont se brûler les ailes à force de tout exiger, tout de suite. Ça fait mal de les regarder exister et en même temps c’est beau et fascinant, c’est comme un accident dont on ne peut détourner les yeux. Et puis ça faisait du bien aussi de voir des héroïnes s’aimer, se serrer les coudes et s’émanciper des hommes. J’ai tellement hâte de voir ce que la réalisatrice réserve au cinéma français !
1. Les passagers de la nuit, Mikhaël Hers

Difficile de dire le film qui m’a le plus marquée cette année tant il y a eu de belles choses, mais je crois que c’est bel et bien le discret et l’humble long métrage de Mikhaël Hers qui m’a conquise. Il a peu fait parler de lui, et c’est bien dommage, parce que c’est une merveille atmosphérique de poésie et de tendresse douce amère. Sachant qu’il réunit deux de mes actrices françaises préférées (Noée Abita et Charlotte Gainsbourg), c’était un peu gagné d’avance, mais je reste vraiment bluffée par le travail visuel et sonore du film. Il met en scène un Paris des années 80 cotonneux et ultra-urbain et réussit à filmer ses grands immeubles et sa froideur hivernale bleue sans pour autant nous le rendre impersonnel. C’est peut être ce regard porté sur une capitale que je connais par coeur et que j’aime d’un amour-haine torturé qui m’a touchée en plein coeur. Dans le dédale de cette grande ville, j’ai suivi avec émotion les errances de deux femmes qui cherchent à se (re)construire, sans bruit et sans fureur, sur fond de tubes lancinants plein de synthés. Ça parle de famille choisie, de renaissance, de désir de vivre (mais aussi de radio !), c’est beau, sensuel, émouvant, c’est à voir absolument.
Mention spéciale aussi à : Contes du hasard et autres fantaisies de Ryusuke Hamaguchi, X de Ti West (ma critique ici), Saint Omer d’Alice Diop, Trois nuits par semaine de Florent Gouëlou, Vous ne désirez que moi de Claire Simon et Jacky Caillou de Lucas Delangle (ma critique ici), et puis à tous ces beaux films que je n’ai pas eu le temps de voir et que je rattraperai en 2023 ❤️
Mon top de l’an dernier par ici !





