Plagiat, racisme, auto-congratulation… Mes déceptions de l’année (pardon aux réalisateurs.trices talentueux.euses qui sont derrière ces oeuvres). Crédit du concept : bitchemedia.com.

Scream
Il n’y a rien qui me fait plus de peine que d’écrire que je n’ai pas aimé le dernier Scream, mais quand on prétend relancer une saga culte, il ne faut pas faire les choses à moitié. A mon humble avis, le film pâtit clairement de la mort de Wes Craven, le petit génie qui tirait les ficelles depuis le début. Le 4, qu’il avait réalisé en 2011, était par exemple très convaincant. Cette fois-ci, même si Kevin Williamson, le scénariste des premiers volets, était présent sur le projet comme producteur, il n’empêche que ce n’est pas lui qui l’a écrit, et ça se sent. A trop vouloir rendre hommage à un film adulé par des générations entières, Scream (5) s’embourbe dans une sorte de clin d’oeil perpétuel qui ne satisfait au fond que les vrais fans (dont moi), mais sans plus. Le frisson n’est pas là, l’humour est un peu vu et revu, le côté méta ne prend plus et Sidney arrive trop tard. Et sans spoiler personne, je ne pardonnerai jamais l’assassinat d’un des personnages emblématiques de la série. J’ai écrit une critique plus aboutie du film ici.

Everything Everywhere All At Once
J’étais super contente de me précipiter en salle voir un film qui parle de famille chinoise et je suis absolument persuadée que sur le plan de la représentation, il a fait beaucoup de bien aux concerné.e.s. Malheureusement, en dépit des effets spéciaux spectaculaires, l’intrigue est vite devenue super creuse (une fois que j’ai réussi à comprendre les tenants et les aboutissants de cette histoire de mondes parallèles). Beaucoup de paillettes pour servir une morale finalement assez réchauffée et plate (vive la famille ! Yay), dont on n’extrait pas grand chose. Bravo quand même à l’équipe de montage.

Armageddon Time
J’aime beaucoup James Gray, mais pour le coup, je ne peux que décerner la palme de l’auto-appitoiement à ce long métrage sur le soit-disant fardeau des blancs confrontés à leur impuissance sociale. Certes, tout le monde jouait très bien, certes, c’était joliment filmé… Mais j’ai eu l’impression de regarder deux heures de justification non sollicitée à propos du white privilege. Peut-être que si j’avais moi-même été blanche, j’aurais trouvé un grand réconfort dans les mésaventures de ce petit garçon imblairable, confronté à la cruauté raciste du système, qu’il essaye de cracker sans succès. J’aurais pu rentrer chez moi et me dire, ah, on a essayé, on est conscients du problème, ce n’est pas notre faute si on n’y arrive pas. Ça aurait presque pris, finalement, si le personnage de Johnny, le jeune adolescent noir que fréquente le héros, n’avait pas été si mal écrit, si peu caractérisé, si vite expédié. J’ai eu l’impression dérangeante d’assister à son instrumentalisation par le récit, alors que ça aurait été beaucoup plus intéressant de répartir équitablement l’histoire entre les deux personnages… Bref, ne fait pas un film anti-raciste pertinent qui veut.

3000 ans à t’attendre
Un autre désastre raciste de cette année à mes yeux a été le fiasco de George Miller -et dieu sait que j’adore pourtant Tilda Swinton et que je la suivrais jusqu’en enfer. Rien ne va dans ce récit ultra dérangeant qui, une fois débarrassé de son discours philosophique sur l’amour, se résume à un contrat d’esclavage tout sauf romantique. Le pitch reste celui-ci : une femme âgée blanche décide d’obliger un homme noir séduisant sur lequel elle a tout pouvoir (puisqu’il est un génie qui lui doit trois voeux) à tomber amoureux d’elle. George Miller n’aurait pas pu mettre en scène l’exotisation et le fétichisme dont sont victimes les hommes noirs avec plus d’éclat. A ce synopsis problématique s’ajoute une bonne grosse dose d’orientalisme, qui se déploie dans toute sa splendeur à travers les contes racontés par Idris Elba. Vrai moment de malaise.

Licorice Pizza
I could go on and on à propos du désastre soporifique, prétentieux et complaisant qu’est le dernier film de Paul Thomas Anderson, mais j’ai déjà craché toute ma bile ici. Pour résumer, les longs métrage de trois heures qui glorifient la pédophilie et la médiocrité masculine dans les années 70, ça me laisse de marbre.

Do Revenge
Le casting était hyper juicy, les gros moyens étaient là, les thèmes du revenge porn et du bullying étaient super bien choisis… Mais c’était un énorme fiasco. La première moitié du film got me hooked, mais le pseudo plot-twist du milieu a rendu l’intrigue particulièrement embrouillée et inintéressante. La morale soit-disant féministe du film s’est quand même pas mal perdue… Au bout d’un moment, tous les personnages sont un peu détestables (surtout Maya Hawke, désolé), et qu’est-ce que c’est long ! L’image ne rattrape même pas le coup puisque globalement, tout est assez moche malgré les millions qui ont probablement été déboursés pour ce film.

Avec amour et acharnement
C’est terrible de voir ses réalisateur.rice.s préféré.e.s vieillir et devenir de droite. Cette année, j’ai passé plein de temps avec les sublimes premiers films de Claire Denis, qui reste sans conteste une de mes cinéastes préférées, mais j’ai été assez atterrée par son dernier long métrage. C’était pourtant un beau pari de réunir Juliette Binoche et Vincent Lindon à l’écran, et j’adore les titres poétiques à rallonge, mais ça n’a malheureusement pas suffi… Quel ennui mortel et surtout quel rôle ingrat pour Binoche ! Est-ce que cette femme mesquine, menteuse, qui se regarde nue dans la glace et prononce les mots « ça recommence, mon sexe qui mouille » existe vraiment ? La vision de la sexualité féminine était franchement discutable, et globalement, tous les personnages étaient détestables et inintéressants… Sans parler de l’espèce de rant confus et conservateur de Vincent Lindon à propos du système scolaire et du mérite. C’était aussi ultra-bizarre de le flanquer d’un fils aussi apathique, coincé dans un rôle de petit voyou ultra caricatural. Au secours.

Sans filtre
No joke : j’ai fait un malaise vagal devant ce film, assise sur mon siège. Je ne dis pas que c’était parce qu’il était particulièrement nul, mais je pense que ça a joué. Le fait qu’il dure trois heures (TROIS HEURES) et s’étale comme c’est pas permis pour raconter une histoire extrêmement simpliste n’a pas aidé. Honnêtement, j’ai beaucoup ri pendant la première partie, mais je pense qu’au bout de trente minutes, on a saisi où Ruben Östlund voulait en venir (au cas où ses deux films précédents n’auraient pas été pas assez clairs). Bref, en 2023, ça serait cool que quelqu’un force les réalisateurs à couper.

Don’t Worry Darling
Quelle terrible déception… C’était sans conteste le film que j’ai été le plus triste de ne pas aimer, parce que vraiment, je VOULAIS adorer Harry Styles sur grand écran et son couple avec Florence Pugh. Il y avait de bonnes idées dans Don’t Worry Darling… Dommage que ce ne soit pas celles d’Olivia Wilde, la réalisatrice, mais le recyclage (pour ne pas dire le plagiat) de deux films déjà existants, The Stepford Wives et The Truman Show. Certes, une oeuvre n’est jamais une page blanche et dialogue avec ce qui a déjà été fait avant, mais là c’était un peu trop, et franchement pas aussi subversif que prévu. Le plot twist est expédié, on baille à partir d’une heure, l’alchimie entre Pugh et Styles est discutable (peut être à cause du fiasco total qu’a été le tournage 🧃) et surtout, c’est quoi cette fin ? Beaucoup d’argent jeté par les fenêtres, quand même. Le seul truc vraiment positif de ce carnage, c’était le moment gossip qu’il nous a offert à la Mostra.
Si vous voulez (re)découvrir mes déceptions de l’an dernier, c’est par ici ☕