LES FILMS ET SÉRIE QUI M’ONT DÉÇUE EN 2021

Satires sociales, féminisme à l’écran, horreur pas si horrible… Mes déceptions de l’année (pardon aux réalisateurs.trices talentueux.euses qui sont derrière ces oeuvres). Crédit du concept : bitchemedia.com.

un étalonnage travaillé mais qui me laisse perplexe

Adieu les cons

Adieu les cons a sans doute été l’un des films les plus adorés par les français.e.s en 2021. Il avait de sérieux atouts : l’incontournable Virginie Efira y tenait le premier rôle aux côtés d’Albert Dupontel, qui signait son grand retour en tant que réalisateur, 4 ans après le succès éclatant d’Au revoir là haut. Néanmoins, j’avoue avoir très peu accroché au ton de ce mélodrame larmoyant dont les drames centraux (maternité, maladie, vacuité de l’existence) m’ont laissée de marbre. Certains éléments m’ont semblé extrêmement malvenus et ont achevé de couler le film à mes yeux, comme la scène dans l’ascenseur, digne du meilleur film d’horreur sur le harcèlement sexuel, les scènes de danse adolescente sur fond d’eshtétique punk à chien et surtout, la fin, inutilement rocambolesque, spectaculaire et romanesque. Le pire à mes yeux reste sans doute l’étalonnage jaunâtre qui noie le film dans des tons moutardes très vites lassants. Bref, même en étant bonne cliente des films qui font pleurer, je n’ai pas compris la hype.

Last Night In Soho

La fan dévouée d’Anya Taylor-Joy que je suis trépignait d’impatience en attendant la sortie de ce film, qui marquait le semi-retour de l’actrice dans le genre horrifique qui l’a lancée, après une incursion (brillante) du côté des séries Netflix et de l’univers de Jane Austen. Je suis tombée amoureuse de Taylor-Joy dans The Witch et j’ai frémi pour elle devant Le secret des Marrowbone (un petit film d’horreur injustement oublié) ; quel ne donc fut pas mon plaisir lorsque je découvris qu’elle tiendrait le premier rôle d’un film d’horreur à la Suspiria. J’ai été très emballée par les 90 premières minutes du film, qui a eu la géniale idée de faire du viol le ressort principal de la terreur au lieu de se reposer sur des monstres fictionnels. Néanmoins, les vingts dernières minutes ont été catastrophiques : Edgard Wright a complètement retourné sa veste pour nous servir une fadaise malvenue et non requise sur la folie et la psychopathie. Je me suis sentie trahie par la fin du film : j’ai eu l’impression qu’on avait exploité ma compassion pour les femmes et ma colère à l’encontre de la culture du viol pour vendre des entrées et créer du rebondissement, sans m’offrir l’arc narratif que je (que nous, que le personnage de Sandie) méritais et attendais. Quitte à faire un film d’horreur, j’aurais préféré qu’Edgar Wright s’abstienne d’exploiter les violences sexuelles, puisqu’il n’est visiblement pas capable de faire preuve d’empathie pour les victimes. Ma critique complète et plus fournie du film est juste .

Candyman 

Candyman était sans doute LE film que j’attendais le plus en 2021, pour la simple et bonne raison que j’adore les remake, surtout au dans le cinéma horrifique. La version originale du film, qui date de 1992 et a été réalisée par un certain Bernard Rose, s’engageait sur le terrain intéressant de la gentrification et de l’appropriation culturelle. On y suivait les péripéties de Helen Lyle, une chercheuse blanche de classe moyenne supérieure, qui se prenait de passion pour l’histoire de Candyman, la légende urbaine des ghettos noirs de Chicago, et décidait d’en faire l’élément central de sa thèse. Si à l’époque le film manquait sans aucun doute d’un certain piquant et de consistance au niveau du discours socio-économique qu’il esquissait, il n’en restait pas moins un effort louable, et j’espérais sincèrement que le remake, réalisé par la scénariste noire Nia DaCosta et produit par Jordan Peele, parviendrait à porter cet aspect du récit un peu plus loin à l’heure de #BlackLivesMatter. Hélas, Candyman version 2021 n’a pas relevé le défi (ou plutôt, il a trop essayé de le relever) et pâtit cruellement de ses bonnes intentions. Le film fait le choix de présenter de nouveaux personnages et une nouvelle intrigue plutôt que de reprendre l’histoire originale et relève plus de la suite lointaine que du remake, ce qui m’a un peu déçue, car si j’aime les remake, je ne suis pas une grande fan des sequels. En voulant aborder à la fois la question de l’institution critique, de la place des artistes noirs dans le monde de l’art, de la gentrification, de l’identité, du racisme systémique et des violences policières tout en établissant des liens avec le film original, Nia DaCosta nous livre une intrigue bien trop complexe, à la narration embrouillée, qui laisse le spectateur.trice confus.e -je n’ai moi-même pas tout compris. Son long-métrage soulève des pistes très intéressantes mais est trop ambitieux et trop long, ce qui est bien dommage. Je reste néanmoins à l’affût de son prochain film, que j’espère adorer.

Midnight Mass

Oh, comme j’aurais aimé aimer Midnight Mass… Jadis, The Haunting of Hill House s’était hissée sans effort au rang des séries qui m’ont le plus marquée, et ce dès le visionnage du premier épisode. The Haunting of Bly Manor, moins brillante, m’avait tout de même solidement convaincue et touchée. Je suis étonnamment complaisante envers les films d’horreurs proprets et léchés que réalise régulièrement Mike Flanagan (Doctor Sleep, Pas un bruit…), dont j’apprécie la superficialité efficace. Malgré tout, Midnight Mass m’a passablement ennuyée et je n’ai pas réussi à dépasser l’épisode 4. La longueur des épisodes (un petit film à eux seuls puisqu’ils durent parfois plus d’une heure) et la lenteur de l’intrigue ont eu raison de moi. Pourtant, la série rend un bel hommage au genre  ; elle m’a rappelé The Fog, le film de Carpenter qui lui aussi se déroule sur une petite île dans une communauté de pêcheurs, et le personnage principal porte le nom d’un des héros de Buffy. What’s not to like ? On ne peut non plus nier le fait que Mike Flanagan fait preuve (une fois de plus) de virtuosité dans sa lecture du genre horrifique, en rappelant qu’il n’y a rien de plus effrayant que le chagrin et que ce sont nos drames intérieurs qui font les meilleures histoires d’épouvante. Néanmoins, là où The Haunting trouvait un équilibre précieux entre lenteur et action, tristesse et terreur ou encore profondeur et légèreté, Midnight Mass s’est embourbée selon moi dans une atmosphère pesante qui piétine. En 2022, en attendant l’adaptation des contes d’Edgar Allan Poe par le réalisateur, je vais quand même essayer de finir la série.

Julie en douze chapitres

J’en ai déja suffisamment parlé mais le film de Joachim Trier m’a passablement écoeurée. Je pense que j’aurais pu lui pardonner de nous avoir resservi les clichés éternels sur la femme trentenaire et la grandeur de l’homme artiste si le long métrage n’avait pas été à ce point encensé par la critique et les institutions. A défaut de marketer le film pour ce qu’il est -une réflexion sur le couple et le portrait flatteur d’un homme vaguement insupportable- il a fallu que la presse décide de targeter les spectratrices en leur promettant un film touchant, frais et juste sur la condition féminine. L’absence totale de recul concernant la représentation des femmes qui est au centre du film (disons les choses comme elles sont, ce sont pour la plupart des dindes écervelées, égoïstes et frivoles, la palme de la misogynie allant probablement à l’ex de Eivind) dans la critique française m’a grandement attristée. Je me plains plus longuement de ce film ici.