Il y a les films d’hiver, dont le froid nous réchauffe et que l’on regarde blotti.e sous la couette… et puis il y a les films d’été, à la douceur estivale et à la sagesse solaire. L’an dernier, je vous parlais de dix films qui symbolisaient l’été par excellence pour moi, et cette année, j’ai eu envie de continuer cette petite liste. J’avais établi quelques critères qui me paraissent toujours pertinents : un bon film d’été, c’est, évidemment, un film qui se déroule en juillet-août. Ensuite, c’est souvent un film qui réussit à mettre en scène ce qui caractérise le plus l’été à mes yeux : la suspension du temps, l’errance à mi-chemin entre la mélancolie et l’excitation. L’été, c’est un moment à part, charnière, où tout peut arriver, mais où bien souvent, il ne se passe rien. Cette année cependant, j’ai décidé d’élargir un peu mes horizons d’aller aussi chercher du côté de ces étés qui changent une vie et que l’on n’oubliera jamais (pour le meilleur et pour le pire…). Voici du coup cinq films qui m’ont donné l’illusion de sentir le soleil sur ma peau et le sel sur le bout de ma langue.
The Florida Project, Sean Baker (2017)

Filmer la pauvreté lorsque l’on n’a soi-même pas connu la précarité peut s’avérer délicat, comme le débat sur le « bouregois gaze » nous le rappelait il y a quelques années. Et ce n’est pas Sean Baker, un homme blanc originaire de classe moyenne et diplômé de NYU, qui n’est ni tds, ni trans, ni immigré (ses sujets préférés) qui nous dira le contraire. Malgré tout, The Florida Project réussit à se maintenir sur une ligne de crête assez admirable, grâce à sa grande empathie pour ses personnages et surtout, grâce à une absence totale de jugement les concernant : ni bons, ni mauvais, les héro.ïne.s vivent, et nous les regardons à travers les yeux de Moonee, une petite fille de 6 ans. Dans mon top des films à hauteur d’enfant & sur les vacances à domicile, c’est un long métrage brûlant, drôle, tendre, inoubliable.
Aquamarine, Elizabeth Allen (2006)

Aquamarine est tout simplement LE meilleur film de sirène jamais produit, mais il est aussi bien plus que ça : c’est avant tout une histoire d’amitié, qui subvertit les codes des romcoms (sans complètement s’en émanciper, on est en 2006) avec beaucoup d’intelligence (probablement parce qu’il est réalisé par une femme… Je dis ça, je dis rien). Sa force est peut-être de ne pas vieillir exagérément ses héroïnes, comme le font bien souvent les teen movies, mais de réussir à capturer avec justesse et tendresse le moment fragile où les filles sont « not a girl, not yet a woman » comme le chantait Britney. C’est aussi un très bon prétexte pour revoir JoJo et Emma Roberts à la pré-adolescence et se faire des mèches bleues pour l’été.
Pauline à la plage, Eric Rohmer (1983)

L’été, c’est peut-être le meilleur moment pour découvrir les films de Rohmer, qui a une prédilection pour le cinéma de saison et excelle dans la catégorie juillet-août. L’année dernière, je vous parlais d’un de mes films d’été préféré de tous les temps, Conte d’été, mais Pauline à la plage lui dispute ce titre -on y retrouve d’ailleurs l’actrice Amanda Langlet, un peu plus jeune mais toujours aussi malicieuse, aux côtés d’Arielle Dombasle. C’est un super film sur les amours d’été, sur les premières fois, sur le casual sex (oui, déja en 1983), et sur la façon dont nos amants nous déçoivent, avec des personnages féminins qui ne se laissent pas faire. Et il sent bon les grandes vacances en France à la plage.
Gerry, Gus Van Sant (2002)

Gus Van Sant est autre de ces réalisateurs qui fonctionne bien en été, mais son film le plus estival reste sans aucun doute Gerry, qui se déroule en plein dans le désert californien, du début, jusqu’à la fin. Si la narration épurée de Gerry peut paraître un peu aride (vous l’avez ?) voire prétentieuse, c’est pour ma part l’un de mes films préférés du réalisateur, qui m’emporte, me berce et me happe à chaque fois. C’est aussi un film dont les images, très belles, brûlées par le soleil, à l’éclat insoutenable, réussissent très bien à rendre l’impression de chaleur et donnent envie de boire un grand verre d’eau. Bref, munissez-vous de crème solaire, car c’est un voyage à première vue sans danger mais dont on ne ressort pas indemne.
I Know What You Did Last Summer, Jim Gillespie (1997)

Que serait l’été sans un bon petit film d’horreur estival ? De Midsommar à Vendredi 13, les films d’horreur se déroulant l’été sont nombreux, mais j’ai un petit faible pour ce slasher très 90s. Vaguement adapté d’un roman pour ado au scénario bancal, c’est surtout le cast chef’s kiss qui fait la force du film : avec Sarah Michelle Gellar, son futur mari Freddie Prinze Junior, Jennifer Love Hewitt et Ryan Philippe réunis à l’écran, I know what you did last summer possède ce glow inimitable du cinéma américain grand public de la fin du XXème siècle comme on n’en fait plus. Globalement, le film n’est pas très bon, mais il divertit très bien et vous arrachera un (petit) frisson malgré la canicule.
Et vous, c’est quoi vos films d’été ?